« Les élus et l’administration ont fait corps face à la crise »
Pendant la période de confinement, les élus locaux étaient en première ligne pour organiser l’action municipale face à la crise. Comment ont-ils vécu cette période ? Comment ont-ils travaillé avec leurs élus ? Philippe Laurent, maire de Sceaux depuis 2001, et secrétaire général de l’AMF en ballotage favorable à la suite du 1er tour revient pour nous sur cette période particulière, avec la perspective en vue d’un second tour le 28 juin.
Édouard Philippe a annoncé le 22 mai le souhait du Gouvernement d’organiser le second tour des élections municipales le 28 juin prochain, quelle est votre réaction ?
J’ai trouvé le propos clair et bien argumenté. Le Premier ministre a annoncé la tenue d’un second tour « sauf si… ». Cette décision pourra ainsi être réévaluée 15 jours la date prévue pour le scrutin. À l’heure actuelle, il n’y a de toute manière pas de décision idéale. Prévoir les élections dès la fin juin comporte une part de risque, dans l’hypothèse où le virus serait de nouveau actif, mais les reporter en septembre ou même en janvier 2021 ne nous met pas plus à l’abri. Il y a trop d’inconnues sur l’évolution de la situation sanitaire pour prendre une décision dénuée de tout risque. Les conditions ne sont pas idéales, mais nous n’avons pas d’autres choix que celui d’avancer malgré tout. À l’Association des maires de France, nous militons en revanche pour l’assouplissement de la réglementation autour des procurations. Nous souhaitons qu’une personne se déplaçant dans un bureau de vote puisse détenir deux procurations au lieu d’une. L’idée étant d’éviter une abstention trop élevée par peur de se rendre aux urnes.
Depuis l'interview de Philippe Laurent, la date du 28 juin a été confirmée et les électeurs ont été convoqués par le décret no 2020-642 du 27 mai 2020 (voir« Municipales 2020 : un décret pour le second tour », juin 2020).
Comment avez-vous travaillé avec l’équipe municipale dans cet entre-deux électoral ?
Nous nous sommes rapidement mis en ordre de marche et j’ai vraiment senti que les élus et l’administration municipale se sont mobilisés pour être très réactifs. Nous avons tous fait corps face à la crise. Les choses se sont mises en place naturellement, qu’il s’agisse du télétravail, des réunions à distance, tout est resté fluide. D’ailleurs la visioconférence, qui a été pour beaucoup une découverte, a révélé un certain nombre d’avantages : productivité, réactivité. J’ai trouvé qu’il était parfois plus efficace de se parler en visioconférence à plusieurs plutôt que de passer des coups de téléphone à des collaborateurs les uns après les autres. Certains modes d’organisation pourront donc perdurer une fois la crise sanitaire passée. J’ai aussi constaté qu’au niveau local, la gestion de l’approvisionnement de masques par les élus a été efficace. Nous nous sommes coordonnés avec la Région Île-de-France et une distribution a été rapidement mise en place chaque semaine afin que les maires puissent fournir en masques les personnes qui en avaient besoin.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur l’organisation de l’action municipale ?
En tant que maire sortant, cela n’a pas été si compliqué, car le travail avec l’administration était déjà bien rodé. Nous avions voté le budget avant le confinement. Je suis un maire expérimenté, et donc les réseaux avec les commerçants, les associations sont très solides. Nous avons pu être présents pour organiser et faciliter de nombreuses initiatives, qu’il s’agisse de solidarité avec les personnes âgées, mais aussi de relais auprès des commerces locaux ou d’accès à la culture en ligne. Les maires sortants sont plutôt dans une situation favorable à l’approche d’un second tour fin juin, car ils ont été en première ligne pendant la crise. Maintenant, avec cette période préélectorale un peu particulière, il faut être prudent en termes de communication et bien respecter les règles qui sont mises en place par le Gouvernement.